L’esprit de la maison est l’instinct de l’abeille qui la pousse à butiner, un mécanisme simple et efficace, contribution d’un vaste système dont l’intelligence est le produit de millions d’années de lentes mises au point, à laquelle nous nous devons de n’opposer qu’une clairvoyante humilité. Garder à l’esprit que comme partie de ce système, nous ne pouvons en aucune façon le dominer, et, donc, faire le choix de nous aligner modestement sur son mouvement, d’assumer de n’être qu’un rouage à l’utilité très limitée d’une mécanique qui fonctionnait bien avant que nous n’en fassions partie. L’esprit nous impose de retrouver les gestes simples mais parfois pénibles d’avant la machine, de racheter à ce prix notre indépendance, de retrouver un peu l’usage des fonctions dont nous ont privés nos propres inventions-interface à la réalité, de renoncer à l’idée que le progrès c’est forcément mieux.